7.11 - Maîtrise des données - Gestion de l'information
7.11.1 Le laboratoire doit avoir accès aux données et aux informations nécessaires pour réaliser les activités de laboratoire.
7.11.2 Le ou les système(s) de gestion de l’information du laboratoire utilisés pour la collecte, le traitement, l’enregistrement, la transmission, le stockage ou la récupération de données doivent être validés en termes de fonctionnalité, y compris le bon fonctionnement des interfaces au sein des systèmes de gestion de l’information du laboratoire, par le laboratoire, avant application. Chaque fois que des modifications sont apportées, y compris la configuration et/ou les modifications d’un logiciel du laboratoire à partir d’un logiciel commercial de série, elles doivent être autorisées, documentées et validées avant leur mise en œuvre.
7.11.3 Le système de gestion de l’information
du laboratoire doit:
a) protéger contre tout accès non autorisé ;
b) protéger de la falsification ou de la perte ;
c) fonctionner dans un environnement conforme aux spécifications
du fournisseur ou du laboratoire ou, dans le cas de systèmes
non informatisés, offrir des conditions protégeant l’exactitude
de l'enregistrement manuel et de la transcription ;
d) assurer la conservation de manière à garantir l’intégrité
des données et informations et
e) comprendre l’enregistrement des défaillances du système et des actions
immédiates et correctives appropriées.
7.11.4 Si les systèmes de gestion de l’information du laboratoire sont gérés et entretenus hors site ou le sont par un prestataire externe, le laboratoire doit assurer que le prestataire ou l’opérateur du système satisfait à toutes les exigences applicables de la présente Norme internationale.
7.11.5 Le laboratoire doit assurer que les instructions, manuels et données de référence se rapportant au système de gestion de l’information du laboratoire sont facilement accessibles au personnel.
7.11.6 Les calculs et transferts de données doivent faire l'objet de vérifications appropriées conduites de façon systématique.
L'ensemble du personnel doit avoir accès à toute la documentation utile et nécessaire pour mener à bien ses prestations.
Les calculs effectués et le transfert des données doivent être contrôlés de manière systématique;
Dans le cas d’utilisation de techniques informatiques (systèmes informatisés) pour l’acquisition, l’élaboration, le transfert, la mémorisation et la récupération des données d’essai et mesure, pour la rédaction des rapports d’essai, ainsi que pour les autres opérations associées à l’exécution des essais (par ex. gestion des échantillons), on applique les prescriptions suivantes :
- Le logiciel développé par l’utilisateur (le laboratoire) doit être documenté et son adaptation à l’utilisation doit être vérifiée;
- Des mesures appropriées doivent être adoptées pour la protection de l’intégrité et de la confidentialité des données en phase d’émission, de stockage, de transmission, d'élaboration, etc.
- L’adoption d’un double niveau de protection est recommandée: protection contre les accès non autorisés et protection de chaque document, fichier ou groupe de fichiers;
- Les ordinateurs et les systèmes d’automatisation doivent être l’objet d’une manutention scrupuleuse afin de sauvegarder l’intégrité des données;
- Le personnel doit être formé à l’utilisation de ces systèmes;
- La fonctionnalité des systèmes doit être vérifiée régulièrement ainsi qu’à la suite de toute modification apportée;
- Les rapports rédigés et transmis par voie informatique doivent contenir les éléments d’identification de l’organe émetteur et du responsable technique du rapport.
- Les enregistrements dématérialisés ont une protection par mot de passe et doivent être en lecture seule (l'opérateur ne doit pas pouvoir faire de sortie papier en ayant pu modifier le contenu d'un document même s'il n'a pas les droits pour l'enregistrer).
L'archivage de données sur format papier dans une structure indépendante de l'OEC doit faire l'objet d'une vérification et de preuves factuelles sur le respect des exigences de la norme.
Les systèmes informatiques:
Les ordinateurs et les logiciels associés peuvent évidemment
avoir une incidence sur la validité des données et doivent
donc être correctement gérés et contrôlés,
que ce soit sur une partie de l'instrumentation ou des systèmes
simplement utilisés pour stocker et traiter les données.
Ceci s'applique à tous les matériels et logiciels et en
particulier à un logiciel élaboré en interne ou
les applications développées sur des feuilles de calcul,
par exemple.
Vérifications des logiciels:
Il doit y avoir une personne définie qui est chargé d'autoriser
les logiciels pouvant être utilisés dans le laboratoire.
Cette personne doit s'assurer qu'ils sont vérifiés pour démontrer qu’ils ne puissent pas corrompre les données ou autres informations avant qu'ils ne soient mis en service. Cette exigence doit s'appliquer non seulement aux nouveaux logiciels, mais aussi à toutes les mises à jour ou les modifications.
La personne responsable doit être le responsable du laboratoire ou une personne qui a une responsabilité déléguée par le responsable du laboratoire.
Il n'y a aucune raison pour que le personnel ne puisse pas mettre en
place des feuilles de calcul, par exemple pour effectuer des calculs
de routine ou du traitement de données, mais elles doivent avoir
été vérifiées et autorisées avant
utilisation.
Il n'est pas acceptable d'avoir du personnel qui met en place des applications
ad hoc et qui les utilisent sans aval de la direction du laboratoire.
Chaque fois que possible, les feuilles de calcul doivent être
protégées contre toute modification à l'aide de
mots de passe réservés à la gestion.
Lorsque cela n'est pas possible, un ensemble de données entrée-sortie
doit être disponible, qui peut être chargé dans le
tableur et utilisé pour vérifier que les valeurs calculées
sont correctement déterminées .
Tout nouveau logiciel ou toutes modifications aux logiciels existants,
y compris les nouvelles versions des logiciels commerciaux, doivent
être enregistrés dans un tableau de gestion des logiciels
avec la date à laquelle ils sont entrés en application.
Il est alors possible de déterminer la version du logiciel qui
a été utilisé à un moment donné,
si une erreur doit être tracée. Il doit y avoir des vérifications
régulières des logiciels installés et tout logiciel
non autorisé doit être supprimé.
Il est doit également être possible de réinstallés
les versions précédentes de n'importe quel logiciel dans
le cas d'une erreur ou si une requête se présente afin
de déterminer si le logiciel était responsable. Le plus
simple pour fournir cette preuve consiste à veiller à
ce que, à chaque mise à jour, une copie de la version
précédente soit conservée sur un support amovible
tel qu’un disque dur ou sur serveur.
Les réseaux informatiques
De plus en plus, les laboratoires utilisent des réseaux informatiques
locaux, surtout s’ils fonctionnent avec des LIMS : Laboratory
Information Management System. Un tel réseau peut rendre le contrôle
plus facile des logiciels avec des zones de travail qui peuvent être
établies avec un accès restreint et différents
niveaux d'accès. Ces réseaux doivent être exploités
pour contrôler, par exemple, qui peut écrire de nouveaux
fichiers sur le réseau du serveur.
Il arrive souvent que le laboratoire n'ait pas de contrôle direct
sur le serveur du réseau car il est géré par un
autre service, Celui-ci faisant partie du réseau général
de l'entreprise.
La direction du laboratoire devra démontrer aux évaluateurs
qu'il sait ce qui est fait sur le réseau en son nom et qu'il
est informé des mises à jour logicielles afin qu'il puisse
procéder à des vérifications.
La façon la plus convaincante pour le laboratoire de démontrer
sa volonté est d'avoir un accord écrit entre le laboratoire
et le gestionnaire de réseau qui spécifie la répartition
des responsabilités.
Cela devrait couvrir au moins les points suivants:
Le gestionnaire du réseau doit accepter de consulter la direction
du laboratoire et obtenir son accord pour installer un nouveau logiciel
accessible au personnel de laboratoire.
Si nécessaire, la direction du laboratoire doit se réserver
le droit de procéder à des vérifications sur le
logiciel avant de l'accepter.
Le gestionnaire du réseau doit s'engager à informer le
laboratoire, s’il entend mettre à jour ou modifier tout
logiciel utilisé par le laboratoire. Il doit clairement être
établi que le gestionnaire du réseau vérifiera
que le laboratoire aura effectué ses contrôles avant que
la révision du logiciel soit en application.
La clé est de définir clairement les responsabilités
de chaque partie dans le but d'éviter des contrôles inadéquats
lorsque les deux parties supposent que l'autre est responsable.
La responsabilité de fournir la possibilité de revenir
en arrière à la version précédente du logiciel
doit être clairement convenue.
En particulier, le gestionnaire de réseau doit savoir qui est
autorisé à demander des modifications logicielles pour
le compte du laboratoire et ne doivent pas répondre aux demandes
des membres non autorisés du personnel de laboratoire.
Les dispositions relatives à la sauvegarde des données
du laboratoire sur le réseau doivent être convenues.
L'intégrité des données sur les ordinateurs
Lorsqu'un laboratoire gère les données sur les ordinateurs,
il y‘a des précautions particulières, principalement
sur la sécurité des données et le contrôle
des modifications de ces données.
Il se peut qu’il y’ait une nécessité pour
des raisons parfaitement légitimes, pour un laboratoire, de modifier
des données qui ont été enregistrée : par
exemple, la répétition de mesures qui fournissent un résultat
différent.
La première question que le laboratoire doit se poser est de
définir si l'enregistrement informatique constitue des données
brutes, c'est à dire les données enregistrées au
moment de l'observation.
Cela ne sera pas le cas si les données sont enregistrées
dans l'ordinateur directement à partir de l’instrument.
Si les données sont enregistrées dans un cahier de paillasse
avant le transfert à l'ordinateur, alors ce document papier constitue
les données brutes.
Les données brutes doivent être préservées
dans le cadre de l'enregistrement du laboratoire.
S'il y’a un transfert manuel à l'ordinateur, alors le
laboratoire devra convaincre les évaluateurs qu'il existe des
garanties adéquates pour vérifier que cela est fait correctement
et qu'une fois le transfert terminé et vérifié,
toutes les modifications apportées aux données sont sous
contrôle et en conformité avec les exigences de la norme.
La saisie manuelle des données dans les ordinateurs est clairement
une source d'erreur potentielle.
Idéalement, tous ces transferts devraient être vérifiés par une deuxième personne.
Dans les cas critiques, la double saisie des données peut être pratiquée, où bien les données sont saisies deux fois pour créer deux fichiers qui peuvent ensuite être comparés par un logiciel approprié.
Il incombera au laboratoire de démontrer aux évaluateurs qu'il prend des mesures raisonnables pour vérifier que les données sont correctement saisies.
À minima, le laboratoire doit vérifier les données
saisies et mettre en place des moyens pour éviter de commettre
des erreurs.
Le gestionnaire du réseau doit savoir qui est autorisé
à demander des modifications.
Un problème plus fondamental se pose avec les ordinateurs quand il est possible de modifier les données sans laisser de trace sur la modification ou de l'enregistrement original.
Cela contrevient aux exigences de base que toutes modifications doivent être traçables à la personne qui les exécutent et que cela doit être fait de telle sorte que la valeur d'origine est récupérable.
Les logiciels dédiés aux applications de laboratoire intègrent généralement une piste d'audit qui enregistre les modifications et l'identité de la personne par son nom d'utilisateur.
Ces logiciels normalement peuvent aussi conserver une trace de l’enregistrement original et peuvent même exiger la raison de la modification.
Si la trace existe, le laboratoire répond aux exigences de
la norme à condition qu'il y ait un enregistrement de la piste
d'audit dans le cadre de la procédure de contrôle de la
qualité.
Les logiciels n'étant pas conçus spécifiquement
pour les laboratoires ou ne répondant par au 21CFR Part11 n’offrent
généralement pas cette piste d’audit.
L'option la plus simple est de définir une règle qui déclare que toutes les modifications doivent être enregistrées dans le dossier du rapport.
On doit stipuler l'identité de la personne effectuant la modification, la date de cette modification, le motif du changement et les anciennes et nouvelles valeurs.
Un tel système, bien que simple, n'est pas garant comme étant conforme à la norme car il est, dans la plupart des situations non auditable.
Si quelqu'un fait une modification de données brutes dans un ordinateur et ne formalise pas cette modification, alors il ne peut pas être détecté.
D'autre part, si les données brutes existent sur une feuille
de travail, il y aura un écart entre la feuille de travail et
l'enregistrement informatique. Dans ce cas, le système est vérifiable
et acceptable. Notez ici le besoin d'être clair sur ce qui constitue
les données brutes.
Les données de l'ordinateur peuvent être protégées
par le logiciel contre toute altération, par exemple en se voyant
accorder le statut de lecture seule lorsque l’information est
entrée.
Le laboratoire doit établir des règles claires sur qui
est autorisé à apporter des modifications aux données.
Si l'autorisation de modification des données est à un
niveau suffisamment élevé, les évaluateurs sont
susceptibles d'être satisfaits.
Un niveau approprié serait au moins le personnel technique de
haut niveau.
Il y aurait une non-conformité critique si l'enregistrement du
laboratoire ne reflète pas le contenu du rapport.
Des procédures spécifiques doivent être suivies lorsque des rapports doivent être modifiés, et les données originales et modifiées doivent toutes deux être disponibles.
Il doit également être possible de générer une nouvelle version du rapport original avec les données modifiées en étant conforme aux exigences de la norme.
La nécessité de modifier le rapport exige également
un enregistrement d’une non-conformité et des mesures correctives.
Si les données ont été modifiées sur un
ordinateur, mais pas sur la feuille de travail correspondante, il existe
un risque critique, car il est impossible de dire quelles sont les données
qui sont valides.
Une modification paraphée sur la feuille de travail pour la mettre en conformité avec la valeur de l'ordinateur peut palier à ce problème.
Les PC intégrés à l'instrumentation
Les PC qui commandent et recueillent des données à partir de l'instrumentation doivent être traités comme une partie de l'instrument et être vérifiés avec l'ensemble du système.
Les mises à niveau doivent être traitées de la
même manière que toute autre modification à l'instrument,
et doivent être vérifiées avant leur mise en utilisation.
Un soin particulier doit être pris lorsque les instruments sont
installés par le fournisseur puisqu’il n'est pas rare pour
les ingénieurs de charger des correctifs logiciels et des modifications.
La direction du laboratoire doit être informée de toutes
les modifications apportées au logiciel afin qu'elles puissent
être vérifiées et enregistrées dans la fiche
de vie.
Les PC intégrés aux instruments peuvent fournir un excellent
moyen de conserver les données brutes dans un format compact
« propriétaire ».
Par exemple, les données de chromatographie peuvent être un problème pour mettre les données sur papier mais on peut les archiver sur CD.
Cependant, une sauvegarde sécurisée sur serveur est préférable
pour s’assurer de récupérer les données.
Des outils informatiques « passerelles » sont parfois également
nécessaires pour pouvoir lire les données sur un autre
appareil, par exemple, votre chromatographie tombe en panne et n’est
pas réparable (modèle très ancien, pièces
critiques plus fabriquées et épuisées), le laboratoire
avait anticipé cet état de fait et a déjà
investi dans un autre équipement.
Réclamations client suite à des contre-essais et vos résultats
provenaient de votre ancien équipement, impossible de vérifier
s’il s’agit d’une erreur matérielle ou d’une
mauvaise configuration par l’opérateur, les données
ne sont pas lisibles par le nouvel équipement.
Les LIMS
L’utilisation des LIMS est de plus en plus fréquente et
peut contribuer grandement à l'exploitation d'un système
de management de la qualité.
Il est même possible d'obtenir des systèmes qui intègrent
les intervalles d'étalonnage, ce qui permettra d'éviter
l'entrée de données générées sur
des instruments ayant leur date d'étalonnage en retard.
Les LIMS peuvent parfois introduire des anomalies et peuvent ne pas
fournir exactement ce que la direction du laboratoire désire.
Lorsqu’un opérateur est connecté, il faut que le
système puisse se déconnecter seul au bout d’une
certaine période d’inactivité pour éviter
qu’un autre opérateur non habilité puisse intervenir
dans le système.
Si un second opérateur est habilité à utiliser
le système pour intervenir sur des données, ce second
opérateur doit pouvoir s’identifier de manière formelle
dans le système lors de son intervention.
Sauvegarde des données sur des ordinateurs
De manière générale, un laboratoire a l'obligation
de veiller à ce qu'il protège toutes les données
qu'il détient : données brutes ou une partie essentielle
de la traçabilité. Lorsqu'un laboratoire a données
brutes sur l'ordinateur, le système de sauvegarde doit être
extrêmement rigoureux.
La politique de sauvegarde doit être telle que, en cas de défaillance
du système où les données non encore sauvegardées
seraient irrémédiablement perdues, le laboratoire serait
en mesure de les récupérer, soit à partir des feuilles
de calcul ou en répétant les essais.
Dans le cas extrême où un laboratoire effectue des travaux qui ne peuvent pas être répétés et où la seule copie des données est sur l'ordinateur, la sauvegarde doit être très fréquente.
Une stratégie courante consiste pour les laboratoires d'avoir
deux disques durs : ordinateur principal et sur serveur réseau.
Ce stockage doit être séparé de la zone du laboratoire
par un coupe-feu et, idéalement, être muni d'un coffre-fort
ignifugé conçu pour le stockage de données.
Coffres ignifugés conçus pour les documents qui ne sont
pas adaptés : destruction à une température trop
élevée.
Si les données doivent être conservées dans le laboratoire,
un coffre-fort est essentiel et son utilisation doit être rigoureusement
sous-contrôle.
Il existe aujourd’hui des serveurs sécurisés non
situés dans l’entreprise sur lesquels le système
télécharge de manière quotidienne et de façon
automatique, l’ensemble des données de la journée.
L’avantage de ce principe est la restitution garantie sous 24
heures des données du laboratoire : mieux vaut prévenir
que guérir !!
Le lecteur pourra consulter le GEN GTA 02 pour de plus amples informations.