7.2 Sélection, vérification et validation des méthodes
7.2.1 Sélection et vérification des méthodes
7.2.1.1 Le laboratoire doit appliquer des méthodes et procédures appropriées pour toutes les activités de laboratoire et, le cas échéant, pour l’évaluation de l’incertitude de mesure ainsi que pour les techniques statistiques utilisées pour l’analyse de données.
7.2.1.2 Toutes les méthodes, les procédures et la documentation associée, telles que les instructions, normes, manuels et données de référence se rapportant aux activités de laboratoire doivent être tenues à jour et être facilement accessibles au personnel (voir 8.3).
7.2.1.3 Le laboratoire doit s'assurer qu'il utilise la dernière version valide d'une méthode, à moins que cela ne soit pas approprié ou possible de le faire. Si nécessaire, l'application de la méthode doit être complétée par des détails supplémentaires afin d'assurer une application cohérente.
7.2.1.4 Lorsque le client ne précise pas la méthode à utiliser, le laboratoire doit sélectionner une méthode appropriée et informer le client de la méthode choisie. Les méthodes publiées dans des normes internationales, régionales ou nationales, ou par des organismes techniques de renom, ou dans des textes scientifiques ou des revues scientifiques pertinents, ou tel que spécifié par le fabricant de l'équipement, sont recommandées. Des méthodes développées en laboratoire ou modifiées peuvent également être utilisées.
7.2.1.5 Le laboratoire doit vérifier qu’il peut correctement appliquer des méthodes avant de les mettre en œuvre en s’assurant qu’il peut atteindre la performance requise. Les enregistrements de la vérification doivent être tenus à jour. Si la méthode est révisée, il faut procéder à une nouvelle vérification dans la mesure nécessaire.
7.2.1.6 Lorsque le développement de la méthode est nécessaire, il doit être une activité planifiée et doit être confié à du personnel qualifié, doté de ressources adéquates. À mesure que le développement de la méthode se poursuit, il est nécessaire de procéder à des revues périodiques afin de vérifier que les besoins du client continuent d'être satisfaits. Tout changement des exigences nécessitant des modifications du plan de développement doit être approuvé et autorisé.
7.2.1.7 Les écarts par rapport aux méthodes pour toutes les activités de laboratoire ne doivent avoir lieu que si l'écart a été documenté, techniquement justifié, autorisé et accepté par le client.
Le laboratoire doit utiliser des méthodes d’essai appropriées à fournir la connaissance nécessaire des propriétés de l’objet testé (substance, matériel, produit, système), avec un niveau de confiance satisfaisant, avec référence à toutes les phases de ces méthodes, y compris l’échantillonnage, la manipulation, le transport, le stockage et la préparation des objets testés (méthodes « valides »).
Les méthodes doivent être décrites de manière suffisamment complète et univoque, y compris les instructions pour l’emploi des équipements et les vérifications relatives de leur fonctionnalité et de leur mise au point initiale, si c’est nécessaire.
S’ils sont exigés, des éclaircissements ou des précisions peuvent être intégrés à la méthode normalisée dans le but de permettre une meilleure application (par ex. traduction à partir d’une langue étrangère, précautions non explicites, retour d'expérience,...).
Essayer de bannir les instructions qui:
- répètent la norme (elles ne sont pas utiles);
- trop légères (page de garde et 3/4 pages de texte), elles ne permettent pas d'expliquer correctement la méthode.
Préférer celles qui:
- sont rédigées par l'opérateur qui réalise les essais;
- qui reflètent réellement ce qui se passe lors d'un essai;
-expliquent des points importants qui ne sont pas dans la documentation générale et qui concernent les matériels utilisés.
Cette documentation de référence doit être accessible au personnel et mise à jour régulièrement.
Des écarts par rapport à ces références peuvent avoir lieu uniquement s’ils sont techniquement justifiés, autorisés, acceptés par le client et documentés.
Les méthodes utilisées doivent être adaptées aux exigences du client et conformes aux exigences techniques qui y sont liées.
Le laboratoire doit utiliser de préférence des méthodes « normalisées » , si possible en faisant référence à l’édition la plus récente de la norme (Portée FLEX1 uniquement).
Si la méthode n’est pas spécifiée par le client, il incombe au laboratoire de prendre la méthode la plus appropriée, en choisissant parmi des méthodes normalisées (si elles sont disponibles et adaptées) ou « non normalisées » (voir ci-dessous), et d’en informer le client.
Dans le cas de l’emploi de méthodes normalisées, le laboratoire est tout de même tenu de confirmer sa capacité d’application correcte de la méthode.
La norme ne fait plus la distinction entre les méthodes normalisées et les autres, il appartient au laboratoire de formaliser la vérification de l'application correcte de la méthode (même normalisée) pour obtenir les résultats ayant la performance requise.
Pour être validées, les méthodes utilisées doivent être :
- Représentatives: relever les justes propriétés de l’objet testé et en fournir une estimation suffisamment précise en fonction de l’utilisation qui a été prévue pour ces résultats;
L’incertitude exigée (c’est à dire l’incertitude objective qui doit être attribuée à la méthode) provient de cette exigence de majeure ou moindre précision et n’est donc pas une variable indépendante mais est fonction des exigences d’utilisation;
- Reproductibles: être applicables dans des milieux différents, par des opérateurs différents, en utilisant des équipements physiquement différents, même si conceptuellement analogues tout en obtenant des résultats « similaires », c’est à dire compris dans la marge d’incertitude attribuée à la méthode;
- Répétables : Fournir des résultats similaires (comme décrits ci-dessus) pour un laboratoire donné et pour un équipement et un personnel donnés.
Le fait que la méthode d’essai soit spécifiée par le client ne dispense pas le laboratoire de s’assurer de la validité de cette méthode.
Le laboratoire doit informer le client au cas où il considère la méthode proposée/exigée inadéquate.
Une méthode reproductible est également répétable, alors que l’inverse n’est pas forcément vrai.
Les méthodes utilisées par le laboratoire peuvent être classifiées en deux catégories :
- les méthodes « normalisées »
- les méthodes « non normalisées »;
ces dernières peuvent être développées par le laboratoire (méthodes « internes »), ou définies par d’autres organismes (par ex. centres de recherche, associations techniques et scientifiques, etc.).
Il s’agit de méthodes d’essai (ou de mesure) établies par des règles techniques ou par des normes techniques nationales, régionales ou internationales ou des documents équivalents émis ou publiés par des organes techniques et scientifiques compétents.
Elles sont retenues valides par « définition » (satisfaisant les exigences de représentativité, de reproductibilité et répétitivité), à condition qu’elles soient correctement gérées et mises en œuvre.
Si la norme ou le document de référence contient toutes les informations nécessaires à l’ exécution correcte des activités, ces méthodes ne doivent pas nécessairement être transcrites en procédures techniques du laboratoire (la norme décrit rarement le matériel).
Le laboratoire peut cependant, pour divers motifs, choisir de reproduire ces méthodes en procédures internes, en y introduisant également des éclaircissements et des précisions.
La rédaction de procédures spéciales est nécessaire si l’utilisation convenable de la méthode normalisée nécessite des instructions explicatives ou des intégrations procédurales (à la discrétion et d’après l’expérience du laboratoire).
Lorsqu’on utilise des méthodes normalisées, il faut faire référence
à la version la plus récente de la norme ou du document applicable,
sauf dans des situations particulières
où cela n’apparaît pas approprié ou possible (Portée FLEX 1).
Par exemple, les méthodes basées sur les références normatives suivantes sont à considérer normalisées:
Réglementation européenne obligatoire (directives et règlements);
Réglementation nationale obligatoire (lois et décrets) ;
Pharmacopée officielle;
Normes ISO et IEC, normes EN (CEN et CENELEC);
Normes UNI et CEI; normes DIN, BSI, AFNOR ;
Normes MIL (USA Military Standard);
Normes ANSI, ASME, ASTM;
Normes AOC (Association of Official Analytical Chemists) et normes APHA (American Public Health Association), etc..
Méthodes « non normalisées »
En l’absence de méthodes normalisées ou si ces méthodes sont dépassées entièrement ou en partie, le laboratoire peut, avec l’accord préalable du client, utiliser des méthodes internes qu’il a développées sur la base de ses propres connaissances et expériences ou qu’il a puisées dans d’autres sources.
Ces méthodes doivent toujours être documentées sous forme de procédures techniques du laboratoire et doivent être scrupuleusement validées.
La description d’une méthode d’essai (ou de mesure ou d’étalonnage) non normalisée (procédure technique) doit contenir tous les éléments nécessaires à sa correcte application, comme par exemple:
- Une identification appropriée;
- La définition de l’objectif;
- L’identification (plus ou moins détaillée) des objets testés;
- La définition des paramètres/grandeurs objets de détermination et le champ de variation relatif;
- L’identification des équipements à utiliser, avec leurs prestations respectives, et des éventuels étalons ou matériaux de référence dont l’utilisation est prévue dans la méthode;
- La définition des conditions environnementales et de toute autre condition applicable (par ex. les temps de stabilisation);
- La description détaillée des opérations à effectuer, y compris les modalités de gestion des objets testés, d’éventuels étalonnages et mises au point initiales, les mesures de sécurité à adopter, les modalités d’enregistrement des données, etc.;
- Les critères d’analyse et de présentation des données;
- Les critères/exigences d’évaluation des résultats et les jugements de conformités relatifs (si c’est le cas);
- L’incertitude associée aux résultats ou les procédures pour l’estimation de l’incertitude.
7.2.2 Validation des méthodes
7.2.2.1 Le laboratoire doit valider les méthodes non normalisées,
les méthodes développées par le laboratoire et
les méthodes normalisées employées en dehors de
leur domaine d’application prévu (méthodes normalisées
modifiées). La validation doit être aussi étendue
que l'impose la réponse aux besoins pour l'application ou le
domaine d'application donné.
7.2.2.2 Lorsque des modifications sont apportées à toute méthode validée, les incidences des modifications introduites doivent être consignées par écrit et, s’il y a lieu, une nouvelle validation doit être effectuée.
7.2.2.3 La gamme et l’exactitude des valeurs pouvant être obtenues au moyen des méthodes validées telles qu’estimées en vue de l’emploi prévu, doivent correspondre aux besoins du client et être conformes aux exigences spécifiées.
7.2.2.4 Le laboratoire doit enregistrer les éléments suivants comme preuves
de validation :
a) la procédure de validation utilisée ;
b) la spécification des exigences ;
c) la détermination des caractéristiques de performance
des méthodes ;
d) les résultats obtenus ;
e) une vérification que les exigences peuvent être remplies
en utilisant la méthode ; et
f) une déclaration relative à la validité de la
méthode, donnant des précisions sur son aptitude à
l’emploi prévu
On entend par validation d’une méthode d’essai, la démonstration de son aptitude à fournir, avec un niveau de confiance prédéfini (incertitude), la connaissance nécessaire des propriétés recherchées de l’objet testé par rapport à l’utilisation prévue des résultats.
L’activité de validation doit être planifiée, développée, contrôlée et documentée (enregistrements) et doit se conclure par un jugement univoque de la conformité de la méthode à son utilisation prévue.
La validation peut être effectuée «occasionnellement», en rapport à une exigence d’innovation particulière, ou développée de manière « systématique » dans le cadre d’une planification stratégique d’amélioration des techniques de laboratoire (action préventive et d’amélioration).
Dans tous les cas, il faut éviter de procéder à la validation au cours de l’application d’une méthode dans un cadre contractuel ou de fourniture de service.
Si elle n’est pas disponible autrement, la validation de la méthode doit être effectuée par le laboratoire, au travers de procédures appropriées, en tenant compte des exigences qui y sont liées.
La validation doit être plus ou moins étendue et approfondie en fonction desdites exigences.
Elle doit tenir compte d’éventuelles criticités liées à la gestion des échantillons.
La validation doit être effectuée pour toutes les méthodes non normalisées développées en interne ou externe au laboratoire et pour les méthodes normalisées utilisées en-dehors de leur champ normal d’application, ainsi que dans le cas de modifications substantielles apportées aux méthodes normalisées.
Le processus de validation doit être proportionné aux exigences liées à l’application spécifique.
Les techniques de validation sont essentiellement divisées en deux types :
- L’approche « scientifique »: consiste avant tout à fournir la preuve de la conformité des propriétés relevées et de l’incertitude objective qui y est associée;
elle nécessite ensuite la démonstration que les facteurs d’influence sont tenus sous contrôle, soit par l’intermédiaire de calculs fondés sur la compréhension des phénomènes physiques impliqués, soit par des vérifications expérimentales (preuve de la reproductibilité et de la répétitivité).
- L'approche « comparative »: une approche scientifique de validation type (afin de prouver la reproductibilité et la répétitivité) consiste à faire varier les facteurs d’influence un par un, en maintenant les autres facteurs fixes, vérifiant ainsi que la « somme » de toutes les variables du résultat final ainsi obtenu entre dans la marge d’incertitude de la méthode.
- L’approche « comparative »: consiste dans la validation de la méthode par comparaison directe avec une méthode analogue déjà validée ou avec un étalon ou un matériau de référence qui exprime avec exactitude les grandeurs ou propriétés recherchées ou encore en utilisant des cycles d’essais comparatifs (les résultats doivent être compris dans la marge d’incertitude attribuée à la méthode).
Les essais comparatifs ne fournissent pas nécessairement la démonstration de la représentativité de la méthode, qui peut apparaître stable et exact tout en étant physiquement incorrecte.